Thursday, 22 May 2025

Free Tuition Isn’t a Gift: It’s the First Step Toward Justice

 Free Tuition Isn’t a Gift: It’s the First Step Toward Justice

I remember standing outside the University of Calgary food bank with $19 in my bank account. I couldn’t even withdraw it, ATMs only gave out $20 bills, cell phone weren’t ubiquitous then. Tuition was also due and I had no idea how I would pay. My home reserve didn’t have the funding to support me; like many others, they could only help a few students, usually those who had graduated from the community high school. I had to find a way through alone.


People often assume all First Nations students get a free education. It’s a myth I’ve heard countless times — from students, faculty, politicians, and strangers. The truth is much harder: many of us struggle just to stay in school, to keep our stomachs full and the lights on.

When I was in university, I survived on being cheap, bad grades and sheer grit. I joined the military reserves for summer training, the pay was decent, and they offered during the summer free food and lodging. That income helped me cover basic needs while pursuing my education. I had a friend who was lucky enough to receive full band funding, including tuition, books and a living allowance. He often treated me to a sandwich or a warm meal — not out of pity, but maybe fear. He genuinely thought I might collapse from hunger.

Today, things are starting to change. Slowly. A small number of post-secondary institutions have stepped forward to offer free tuition to Indigenous students. It’s not a revolution, yet, but it is a critical step. These waivers don’t just ease financial pressure. They remove a barrier. One less mountain to climb. One less excuse not to finish. All Canadians want First Nations to participate in Canada, but for generations were denied the tools to participate successfully. 

The University of Ottawa recently joined this small but growing movement. After years of internal advocacy, led by my dedicated colleagues like Tareyn Johnson, we became the first and only French-language university in Canada to offer free tuition to eligible First Nations students. For those from the Algonquin Anishinàbeg Nation — on whose unceded territory the university stands — this is a meaningful recognition and reconciliation.

But we are not alone. McGill, Concordia, the University of Waterloo, Humber College, and Niagara College — all located in Ontario or Quebec — have also made similar commitments. In total, there are now six such institutions across the country. Ironically no efforts in places like Manitoba or Saskachtwean where there are very large First Nations peoples. 

I have no doubt this change was studied carefully. Administrators would have crunched the numbers. They would have asked, “Can we afford this?” And they found the answer was yes. Why? Because education should not be a privilege. Because inclusion is not too expensive. Because this is simply the right thing to do.

Out West, many First Nations see education as a treaty right — a commitment from Canada to support lifelong learning from kindergarten through to post-secondary. This isn’t about charity. It’s about the fulfillment of legal and moral obligations.

Among the Seven Grandfather Teachings, principles that guide many Indigenous cultures, is inyisîwewin, or wisdom. We are told to seek knowledge, to live in balance, and to carry what we learn with humility and courage. For us, learning is not just a path to employment. It is sacred. To deny someone access to knowledge is to deny them a full life.

It’s time we rethink the stories we tell about Indigenous students. Not all of us have access to “free education.” Many are still left behind. But with programs like these, fewer students will have to choose between food and tuition. Fewer will have to depend on luck, a generous friend, or the nearest food bank.

Let’s not stop at six universities. Let’s make this a national standard — so that all Indigenous students and eventually all students, regardless of province or background, have a chance to succeed. Free tuition isn’t a gift. It’s the beginning of justice. 

La gratuité scolaire n’est pas un cadeau : c’est un premier pas vers la justice

La gratuité scolaire n’est pas un cadeau : c’est un premier pas vers la justice 

Je me souviens de ce moment, debout devant la banque alimentaire de l’Université de Calgary, avec seulement 19 $ dans mon compte bancaire. Impossible de retirer cet argent : les guichets automatiques ne distribuaient que des billets de 20 $. À l’époque, les téléphones cellulaires n’étaient pas encore omniprésents. Les frais de scolarité étaient dus et je n’avais aucune idée comment j’allais payer. Ma réserve n’avait pas les moyens de m’aider. Comme beaucoup d’autres, elle ne pouvait soutenir qu’un nombre limité d’étudiants, souvent ceux qui avaient obtenu leur diplôme de l’école secondaire de la communauté. J’ai donc dû me débrouiller seul.

On croit souvent que tous les étudiants autochtones ont droit à une éducation gratuite. C’est un mythe que j’ai entendu maintes fois — de la part d’étudiants, de professeurs, de politiciens et d’inconnus. La réalité est bien différente : plusieurs d’entre nous luttent simplement pour rester aux études, garder les lumières allumées et se nourrir.

 


Quand j’étais à l’université, j’ai survécu en vivant chichement, en accumulant de mauvaises notes et en m’accrochant avec acharnement. Je me suis enrôlé dans la réserve militaire. L’entraînement d’été offrait un salaire décent ainsi que le logement et le bouffe. Cet argent m’a permis de couvrir mes besoins essentiels. Un ami, plus chanceux, recevait un financement complet de sa communauté : droits de scolarité, livres et allocation mensuelle. Il m’invitait souvent à manger un sandwich ou un repas chaud. Pas par pitié, peut-être par inquiétude. Il pensait vraiment que je risquais de m’évanouir de faim.

 

Aujourd’hui, les choses commencent à changer. Lentement. Un petit nombre d’établissements postsecondaires ont décidé d’offrir la gratuité scolaire aux étudiants autochtones. Ce n’est pas encore une révolution, mais c’est une étape cruciale. Ces exemptions ne font pas que soulager une pression financière : elles suppriment un obstacle. Une montagne de moins à gravir. Une excuse de moins pour abandonner. Tous les Canadiens souhaitent que les Premières Nations participent à la vie du pays, mais pendant des générations, on leur a refusé les outils pour y parvenir.

 

L’Université d’Ottawa s’est récemment jointe à ce mouvement. Après des années de militantisme interne mené par des collègues dévoués comme Tareyn Johnson, nous sommes devenus la première et la seule université francophone au Canada à offrir la gratuité scolaire aux étudiants des Premières Nations admissibles. Pour les membres de la Nation algonquine Anishinàbeg, sur le territoire non cédé de laquelle se trouve l’université, il s’agit d’une reconnaissance significative et d’un geste important de réconciliation.

 

Et nous ne sommes pas seuls. McGill, Concordia, l’Université de Waterloo, le Collège Humber et le Collège Niagara (tous situés en Ontario ou au Québec) ont pris des engagements similaires. En tout, six établissements à travers le pays ont emboîté le pas. Ironiquement, aucune initiative comparable n’a vu le jour au Manitoba ou en Saskatchewan, où vivent pourtant d’importantes populations autochtones.

 

Je suis convaincu que ces décisions ont été soigneusement analysées. Les administrateurs ont dû faire leurs calculs et se demander : « Peut-on se le permettre ? » La réponse a été oui. Parce que l’éducation ne devrait pas être un privilège. Parce que l’inclusion n’est pas un luxe. Parce que c’est simplement la chose juste à faire.

 

Dans l’Ouest, de nombreuses Premières Nations considèrent l’éducation comme un droit issu des traités, un engagement du Canada envers l’apprentissage tout au long de la vie, de la maternelle aux études postsecondaires. Il ne s’agit pas de charité, mais du respect d’obligations légales et morales.

 

Parmi les Sept enseignements sacrés, des principes qui guident plusieurs cultures autochtones, se trouve inyisîwewin, la sagesse. On nous enseigne à chercher le savoir, à vivre en équilibre et à porter ce que nous apprenons avec humilité et courage. Apprendre n’est pas qu’un chemin vers l’emploi. C’est sacré. Refuser à quelqu’un l’accès à la connaissance, c’est lui refuser une vie complète.

 

Il est temps de revoir les récits que nous racontons au sujet des étudiants autochtones. Non, tous n’ont pas accès à une éducation gratuite. Beaucoup sont encore laissés pour compte. Mais grâce à ces programmes, moins d’étudiants auront à choisir entre se nourrir et payer les frais de scolarité. Moins dépendront du hasard, de la générosité d’un ami ou d’une banque alimentaire.

Ne nous arrêtons pas à six universités. Élevons cela au rang de norme nationale — pour que tous les étudiants autochtones, et peut-être un jour tous les étudiants, peu importe leur origine ou leur province, aient une réelle chance de réussir.

 

La gratuité scolaire n’est pas un cadeau. C’est le commencement de la justice.

 

Argent, argent, argent, c’est ce que je veux,
Pas pour la fête, l'alcool, ni les jeux,
Je veux tracer un chemin droit devant,
Et marcher fier, comme mes ancêtres avant.